JOHN ET JOE d'Agota Kristoff

Publié le par Monsieur Guy

 

JOHN ET JOE d'Agota Kristoff

 

Mise en scène de Didier Moine


avec Yvan Chevalier, Patrick Dray, Julien Leonelli

 

L'homme serait un loup pour l'homme. Toute conduite altruiste et désintéressée serait tendue vers un intérêt ou une gratification narcissique. "John et Joe" met à mal cette théorie si largement répandue. Une théorie dont le but inavoué est de justifier l'injustifiable sous prétexte qu'il serait dans la nature de l'homme. C'est en poètes et dramaturges éclairés, qu'Agota Kristoff apporte la chaleur d'une pensée, là où sembleraient régner sans partage, de froids calculs.

 

John et Joe sont de vieux compagnons habitués à se retrouver dans un bar. Un jour, au moment de payer l'addition, alors que Joe pensait être invité, John lui réclame la moitié de l'addition. Joe a peu d'argent sur lui, juste de quoi payer son café et son journal du lendemain. Il va compléter ce peu d'argent en donnant à John un billet de loterie correspondant à la valeur manquante. Et le billet sera gagnant…

 

John, en révélant, sans complexe mais non sans malice, qu'il a gagné à la loterie, et Joe, par une ruse à laquelle John cède bien volontiers, vont sonder leur amitié, en évaluer l'authenticité. Et nous, spectateurs, entre rire et tendresse, serons très émus. Ce soir là, un enfant par son rire, ponctuait les répliques des comédiens.

 

A partir de ce texte à l'apparence simple, Agota Kristoff nous conduit à nous interroger sur ce que peut entrainer comme perte un gain facilement acquis. John et Joe ne sont pas de petits Faust. Ils vivent leur lien plus qu'ils ne le pensent. Pauvres, ils n'ont rien, mais ne sont pas prêts à tout, devant le risque de perdre ces petits riens qui les relient à la vie.

 

Pour donner vie à un texte si subtile, où le risque est grand de le réduire à un simple amusement, il fallait un metteur en scène de talent.



                                                                                            Didier Moine

 

J'ai découvert Didier Moine cet été à Avignon, il y mettait en scène "Tu as bien fait de venir Paul" de Louis Calaferte. Toute la force et l'habilité de son travail reposent essentiellement sur le choix et la direction des acteurs. Il sait les amener à nous faire entendre ce qui respire et transpire dans le texte, par delà les mots. Julien Leonelli, incarne à la perfection le garçon de café gardien de la règle et du dût. Yvan Chevalier/John, Patrick Dray/Joe, par leurs jeux, leurs regards et l'intonation de leurs voix, arrivent à nous rendre perceptible la pudeur d'un non-dit ou d'un mal-dit.

 

 

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